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Sur la scène, c’est éclatant d’intelligence coupante dans les rapports entre les êtres, parfois en musique, grâce à des interprètes (Philippe Hottier, Valérie Blanchon, Éléonore Joncquez, Claire Chastel, Jean-Luc Cappozzo, Benjamin Duboc, Michel Melki) qui possèdent au plus haut degré le sens de la rupture dans l’art de jouer et déjouer les affects les plus intenses.
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Jean-Pierre Léonardini, L'HUMANITÉ
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Henrik Ibsen (1828-1906), à côté de Céline, à première vue semble pesamment moraliste. Jean-Christophe Blondel, qui vient de présenter une mise en scène magistrale de Solness, constructeur, dans une traduction nouvelle de Solveig Schwartz, prouve à l’envi que le pathos insidieux du vieux Norvégien peut toujours avoir force de loi (2). Walter Benjamin estimait que dans ce drame, de 1892, «?Ibsen porte un jugement sur l’architecture du modern style?». Rien de tel ici. Si les volutes de la Belle Époque peuplent les cerveaux, l’appareil visuel, parfaitement économe, évoquerait plutôt le fonctionnalisme de Le Corbusier. Solness, devenu bâtisseur à la faveur d’un incendie qui a ravagé la demeure ancestrale de son épouse, vieillit tant bien que mal entre trois femmes?; la sienne, donc, sa secrétaire et une jeune fille ardente éprise de lui dès l’enfance… Égoïste dévoré par la culpabilité, incapable de passer le flambeau au jeune homme doué qu’est son assistant, il tombera de haut… Sur la scène, c’est éclatant d’intelligence coupante dans les rapports entre les êtres, parfois en musique, grâce à des interprètes (Philippe Hottier, Valérie Blanchon, Éléonore Joncquez, Claire Chastel, Jean-Luc Cappozzo, Benjamin Duboc, Michel Melki) qui possèdent au plus haut degré le sens de la rupture dans l’art de jouer et déjouer les affects les plus intenses.
https://www.humanite.fr/culture/en-voyage-avec-balmer-511607
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Jean-Pierre Léonardini, L'HUMANITÉ
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« La brièveté de la vie devrait nous garder de la séparation pédante des âges-comme si chaque âge apportait quelque chose de nouveau-, et ce serait l’affaire d’un poète de nous montrer une fois l’homme qui, à deux cents ans d’âge, vivrait véritablement sans contes et sans jeux. » Cette phrase de Nietzsche tirée d’Opinions et Sentences Mêlées ouvre l’histoire de Solness, campée avec une belle vigueur par Jean-Christophe Blondel et ses comédiens et musiciens.
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Edith Rappoport, THÉÂTRE DU BLOG
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« La brièveté de la vie devrait nous garder de la séparation pédante des âges-comme si chaque âge apportait quelque chose de nouveau-, et ce serait l’affaire d’un poète de nous montrer une fois l’homme qui, à deux cents ans d’âge, vivrait véritablement sans contes et sans jeux. » Cette phrase de Nietzsche tirée d’Opinions et Sentences Mêlées ouvre l’histoire de Solness, campée avec une belle vigueur par Jean-Christophe Blondel et ses comédiens et musiciens.Solness,est un architecte vieillissant, à la réputation quelque peu usurpée; il a construit nombre de logements résidentiels dans la ville où il réside, grâce à un collègue de grand talent qu’il a mis en faillite et dont il a volé la clientèle. Ce collègue mourant travaillait avec son fils qui doit se marier avec la secrétaire de Solness, tombée sous la séduction de l’usurpateur.Solness a une femme soumise et prête à tout accepter (étonnante Valérie Blanchon) qui s’efface devant la volonté impérieuse de son mari, dès qu’elle se manifeste. La dernière commande de Solness s’achève: ce sont des logements surmontés par une tour, dont on dit que l’architecte a peur. Survient une jeune fille qui dit avoir eu, dans son enfance,une relation amoureuse avec Solness qui lui aurait promis de lui construire le château dont elle rêve.Mais il ne la reconnaît pas, tombe sous son charme; elle le poussera dans ses retranchements et lui fera avouer la perte de jumeaux, dont sa femme ne se remet pas, pas plus que de l’incendie de la maison familiale et des poupées de son enfance. Solness, poussé à bout, surmonte sa frayeur panique des grandes hauteurs, il escalade « sa tour » et tombe dans le vide.Jean-Luc Cappozzo à la trompette et Benjamin Duboc à la contrebasse interprètent aussi avec talent l’architecte mourant et son fils dont Solness ne veut pas se séparer, car c’est lui qui dessine les plans. Philippe Hottier, tour à tour impérieux, vicieux, retors et misérable incarne un Solness usurpateur du talent d’autrui. [...]. Malgré la longueur du spectacle-trois heures-aéré par un petit entracte pour changer le décor d’une scénographie simple et remarquable de Marguerite Rousseau, on ne décroche pas un instant.
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Edith Rappoport, THÉÂTRE DU BLOG
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